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Concert Weirdo

Concert Weirdo

Je fais des concerts. J'aime écrire. Du coup, j'écris sur mes concerts. Si toi aussi, tu adores te lever à six heures du matin et attendre 13 heures pour avoir le premier rang, si le froid ne te fait pas peur et que, de toute façon, il faut bien mourir de quelque chose : on va bien s'entendre. Si, promis.


Ed Sheeran à Stuttgart, 15.11.2014

Publié par Clémence W sur 23 Novembre 2014, 21:19pm

Oui, je suis là, quelque part.
Oui, je suis là, quelque part.

Notre objectif était clair et fixé depuis des mois, histoire de bien commencer notre trilogie Ed Sheeran : nous voulions le premier rang. Pour ça, il suffit d’une courte nuit, de 200 kilomètres avalés entre quatre heures trente et six heures trente du matin, d’arriver à six heures quarante-cinq devant la salle et, chose la plus facile : attendre. Pendant onze longues heures. Alors pour faire passer le temps, on joue aux cartes, on dort, on ne parle pas avec les autres non - la barrière de la langue nous en empêche - mais on tente de s’occuper. Et puis vient midi, l’heure du drame. L’heure où, tout à coup, les minutes ne passent plus. Histoire de bien vous embêter, on place une horloge devant vous. Ils le font exprès, de nous narguer ? Alors cette fois, on mange un sandwich. Midi et dix minutes. C’est déjà ça de gagné, non ? Le soleil est de sortie, un peu timide mais on en profite comme on peut en tendant le visage tels des chats qui chassent un insecte au plafond.

Quatorze heures. Quinze heures. Seize heures. Dix-sept heures. Tiens, il pleut ! Et si on allait se jeter du haut du pont, là, tout de suite ? Non, les portes ouvrent dans une heure et demie, on se motive et on attend. Trempées, on se lève - mouvement de foule oblige - et on fait la même chose qu’avant mais debout cette fois, pour varier : on attend. Les vigiles sortent petit à petit, le stress monte, les gens poussent et la pluie tombe.

Il faut savoir qu’à Stuttgart, dans la même salle, il y a la Hans-Martin-Schleyerhalle, une salle de 15 000 places qui a accueilli Linkin Park deux semaines avant l’événement et la Porsche Arena, plus petite. Je suppose qu’elle peut accueillir 10 000 personnes mais le site ne le précise pas, sinon c’est trop facile. En l’occurrence, Ed Sheeran jouait dans la Porsche Arena pendant que des motocross faisaient crier leurs moteurs dans la Hans-Martin-Schleyerhalle. Pour faire simple, les quatre premières files étaient pour les spectateurs de la motocross et les quatre autres pour Ed Sheeran. Vu qu’on avait déjà attendu onze heures et qu’on en était plus à quelques minutes passées sous la pluie, les gentils vigiles ont décidé d’ouvrir pour la motocross en premier. Et là, surprise ! Des gens qui ont en main des billets pour Ed Sheeran passent et, faute de pouvoir entrer dans la salle, sont placés devant ceux qui attendent depuis sept heures du matin. Bah oui, la colère, ça réchauffe, c’est bien connu ! Du coup, ça crie, ça menace et puis nous, on attend toujours. Enfin, 18h30 s’affiche sur l’horloge qui nous a nargué toute la journée et les vigiles commencent à chuchoter entre eux. Alertes, on renifle et on tente de garder la billet de concert au sec. Et puis ça y est, le signal est lancé et, tels des automates, on avance, ils regardent les sacs, on avance, ils déchirent les billets, on court, on nous dit de pas courir, on fait comme si on écoutait et… Il faut s’imaginer la musique divine qui sort de nul part au moment où on arrive dans la salle, vide, la barrière bien en vue. Et là, sprint final, premier rang, bien au milieu.

En Allemagne, on peut ranger les sacs derrière la barrière et se sentir totalement libre pour le concert - merci beaucoup - mais dans mon cas, je devais faire le choix crucial de garder mon portable dans ma main sachant que je ne fais généralement aucune photo ou le ranger dans mon sac et profiter. Je l’ai donc rangé dans mon sac et pour profiter, j’en ai profité !

La première première partie arrive (oui, monsieur en a deux), Jamie Lawson, guitare-voix, qui nous avait fait coucou dans l’après-midi et nous avait joué trois chansons. Du coup, je joue la connaisseuse et chante ce que j’ai retenu. Son set ne dure que vingt minutes, quinze minutes d’aménagement de scène et Saint Raymond débarque. Il faut savoir que Saint Raymond est seulement composé de Callum, les autres musiciens sont des artistes de session. Alors tout de suite ça change : deux guitares électriques, une basse et une batterie et une salle à peu près conquise. Mais bon, c’est pas tout, on est quand même venus pour Ed Sheeran ! Leur set dure une quarantaine de minutes, après quoi la scène est débarrassée et aménagée pour celui qu’on est tous venus voir. Des petites plateformes par-ci par-là pour qu’il puisse courir partout, deux micros, les écrans et… C’est tout. Parce que oui, la magie d’Ed, c’est qu’il n’a besoin d’aucun artiste de session et pourtant… Ça bouge plus que Saint Raymond !

Dix, vingt, trente minutes… Les lumières qui s’éteignent, l’envie soudaine de faire pipi - oh pourquoi - et des cris. Et puis là, sur la grande scène débarque Ed Sheeran, tout sourire, qui commence par I’m a Mess et qui nous met directement dans l’ambiance. Au premier rang, on est serrés mais tant pis, on chante quand même et on tente de bouger nos bras comme on peut (on dégage l’épaule doucement, on le lève bien haut puis on le fait retomber, il est à nouveau bloqué : on répète la manoeuvre). Pour nous achever d’emblée, il continue avec Lego House. Grâce à son micro magique qui enregistre et répète les sons, on a l’impression que des musiciens l’accompagnent mais non, c’est seulement son talent. Don’t commence, tout le monde se fait une grande joie de pouvoir chanter le « fuck » qui est censuré sur l’album ; il entrecoupe la chanson de quelques extraits de Loyal et No Diggity. Drunk et Take it Back continuent sur la lancée parfaite et puis l’ambiance se calme un peu avec One et nous, femmes sensibles que nous sommes, mourrons un peu au fur-et-à-mesure des paroles. Bloodstream nous relance et puis c’est reparti pour une phase « épouse-moi Ed Sheeran » lorsqu’il chante Tenerife Sea. Pour la première fois, Ed nous fait l’honneur de chanter Make it Rain, un vrai petit bijou.

Et là, décadence : Thinking Out Loud avec les images du clip qui passent en fond, on ne sait plus si on doit regarder la perfection du clip ou la perfection du chanteur alors on alterne. Et on meurt, un peu plus. I See Fire, The A Team et Give Me Love (non, je n’ai pas pleuré!) achèvent la première partie (si, d’accord, j’ai pleuré). Là, fait exceptionnel dans une salle tout de même un peu froide, les choeurs continuent de chanter jusqu’au retour d’Ed pour son rappel, Sing.

La sortie se fait sous les choeurs, encore une fois, mais cette fois, c’est fini. Et je me dis « vivement samedi ». Parce que oui, je n’aurais jamais pu me contenter d’un seul concert d’Ed Sheeran. Et j’ai vraiment bien fait d’aller à Lyon pour le concert mémorable (mais ça, c’est pour un autre article, sinon c’est pas marrant). Ed est super hypra disponible pour le public, il fait la conversation et on a presque l'impression de se retrouver face à un ami. Sauf qu'il est sur scène, mais c'est un détail... Il ne dit pas "vous êtes la meilleure salle dans laquelle j'ai joué", non, parce qu'il est sincère déjà et parce qu'il est conscient que ça n'a aucune valeur à partir du moment où les artistes disent ça dans chaque salle qu'ils visitent. En bref, c'était parfait. Lyon sera le summum, quand même.

Sur le chemin du retour, entre aquaplanings et souvenirs, je vois les minutes défiler avec un nouvel objectif cette fois : mon lit.

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